“Amour pour le pagne traditionnel, hier, aujourd’hui et demain… voire pour toujours”, Dr Edith Christiane Bougouma

Burkina Faso
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La Semaine Nationale de la Culture (SNC) s’est ouverte ce 29 avril à Bobo-Dioulasso ; la capitale économique et culture du Burkina. Jusqu’au 6 mai, la belle ville de Sya vibrera aux rythmes des riches et variétés culturelles du pays des hommes intègres. Les pagnes traditionnels burkinabè sont parties intégrantes et même des identités remarquables de la culture et l’emblématique pagne Koko-Dunda vient d’ailleurs de Bobo-Dioulasso. À l’occasion de cette semaine nationale de la culture, Dr Edith Christiane Bougouma signe cet article sur sa passion pour les pagnes traditionnels du Burkina.

Mon style est un langage qui se crée dans des vêtements traduisant ma réalité.

L’élégance est donc, plus une question de personnalité que de vêtements. Cependant, je tente de conjuguer élégance et style vestimentaire pour exprimer ma personnalité.

Passionnée des tenues traditionnelles, j’essaie depuis plus d’une dizaine d’année de les valoriser à travers le port du pagne tissé Burkinabè (Faso Danfani) et le Koko Dunda.

Mes vêtements ont une histoire, une identité, un caractère ; bref, ils me définissent. C’est pourquoi ils deviennent, ma référence, ma personnalité. Parce qu’ils continuent à raconter une histoire. 

Valorisation du pagne traditionnel : un combat de Thomas Sankara prend vie

Au Burkina Faso, les traditions sont une partie importante de la culture et de l’identité nationale. Elles sont transmises de génération en génération et sont un moyen de sauvegarder les valeurs et les croyances qui sont au cœur de la société burkinabè. Autant la modernité et la mondialisation sont une menace pour ces traditions, autant elles constituent une source d’inspiration pour   nos stylistes qui en font des merveilles ; d’où l’engouement des jeunes pour le port de la tenue traditionnelle. Il est essentiel que toute la jeunesse prenne conscience de la nécessité de les préserver en soutenant les stylistes, les tisseuses et les commerçants de pagnes traditionnels. Les tenues traditionnelles font d’ailleurs partie de notre patrimoine qui doit être protégé et valorisé partout. Et si vous en doutez encore, ci-dessous des raisons de préserver les tenues traditionnelles.

1. C’est l’identité et l’histoire du pays

Les tenues traditionnelles sont liées à un pays tout entier ou à une région en particulier. En les portant encore, les jeunes préservent leur héritage culturel et s’assurent de les transmettre aux générations suivantes. Il suffit en effet qu’une génération abandonne ses traditions pour que ces tenues tombent petit à petit dans l’oubli.

2. Pour les traditions et les cérémonies

Les tenues traditionnelles sont souvent portées à des occasions particulières telles que les mariages, les funérailles ou encore les « baptêmes » et pendant les cérémonies officiels (Au Burkina, ces dernières années nos autorités voire les politiciens ont contribué à la promotion de nos pagnes traditionnelles). Porter des vêtements traditionnels durant ces moments permet de les vivre différemment, en revivifiant les traditions.

3. Pour soutenir l’économie locale

Il ne s’agit pas là de faire de nos artisans des attractions touristiques dans le sens péjoratif du terme. Cependant, l’afflux de touristes au Burkina Faso surtout pendant le SIAO (Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou) et la SNC (Semaine National de la culture) permet de faire découvrir l’artisanat au plus grand nombre. Cela permet également de voir s’exporter dans le monde entier nos tissus traditionnelles issus de nos savoir-faire ancestraux. La diaspora burkinabè et nos voyageurs sont d’ailleurs ravis et très fiers de pouvoir retrouver nos pagnes traditionnels lors d’un passage dans leur pays d’origine ou lors des missions hors du pays. En plus, ils contribuent eux aussi à valoriser nos pagnes traditionnels produits à travers le monde. En ce sens, le maintien de la culture traditionnelle permet d’apporter une source de revenus supplémentaires aux artisans et commerçants locaux.

4. Pour promouvoir l’indépendance de la femme 

La valorisation du pagne traditionnel permet de soutenir les femmes qui s’organisent en coopératives et réaffirmer ainsi l’identité burkinabè.

5. Pour revendiquer notre fierté nationale et notre indépendance culturelle 

Enfin, la valorisation du pagne traditionnel permet de montrer notre patriotisme et notre indépendance culturelle.

Aujourd’hui, au Burkina Faso, le pagne Faso-Danfani et Koko Dunda bouleversent nos habitudes vestimentaires quel que soit notre niveau social et nos sensibilités culturelles. Ces pagnes traditionnels, autrefois utilisés en milieu rural ou pour les ‘’pauvres’’, occupent aujourd’hui une place importante dans les habitudes vestimentaires des populations urbaines. Cette transition (du village vers la ville) de l’usage du pagne traditionnel est le fruit d’un phénomène social enclenché par notre cher président Thomas Sankara, père de la révolution Burkinabé  (Pendant la révolution, c’est par décret que le régime de Thomas Sankara avait imposé aux fonctionnaires le port du pagne traditionnel). En effet, Thomas Sankara, qui en avait fait le symbole de sa révolution et de l’identité nationale, aimait répéter que « porter le Faso Danfani est un acte économique, culturel et politique de défi à l’impérialisme ».

Dans la vie, nous devons être ce que nous sommes par notre patriotisme, par notre culture voire notre habillement. En somme, le père de la révolution burkinabè, l’amour pour ma patrie, de même que les rythmes nationaux ont fortement influencé ma vie et mon style vestimentaire. 

À lire aussi Entretien avec Dr Edith Christiane Bougouma, docteur en Pharmacie, doctorat de recherche (PhD) en santé publique et microbiologie

Digital Magazine Burkina, La Rédaction

15 thoughts on ““Amour pour le pagne traditionnel, hier, aujourd’hui et demain… voire pour toujours”, Dr Edith Christiane Bougouma

  1. Félicitations Dr Bougouma. Je t ai toujours continue dans des belles tenues Faso dafani dessinées par toi même. C est le Burkina qui gagne

    1. Merci grandement pour ton message d’encouragement et surtout pour le suivi ! . Contribuer à la valorisation du pagne traditionnel à travers le port du pagne traditionnel ‘’Faso Danfani’’ et ‘’Koko Dunda’’est ma modeste contribution.

    2. Merci pour ce beau texte. Tu es en effet l’élégance même faite femme. L’harmonie avec laquelle tu allies les tissus de notre beau territoire fait de toi une belle ambassadrice de la culture burkinabé. Bon pour la suite !

      1. Merci avant tout pour votre commentaire. En effet, j’ai développé, depuis quelques années un intérêt certain pour la culture africaine en générale et plus particulièrement pour la culture Burkinabè, ma culture Burkinabè. Il ne s’agit certainement pas d’un effet de mode mais plutôt d’un réel besoin d’affirmer mon identité dans un monde globalisée par ma façon d’être mais également par mon style vestimentaire.Merci encore et à bientôt !

  2. Merci avant tout pour votre commentaire. En effet, j’ai développé, depuis quelques années un intérêt certain pour la culture africaine en générale et plus particulièrement pour la culture Burkinabè, ma culture Burkinabè. Il ne s’agit certainement pas d’un effet de mode mais plutôt d’un réel besoin d’affirmer mon identité dans un monde globalisée par ma façon d’être mais également par mon style vestimentaire.Merci encore et à bientôt !

  3. Chapeau à toi qui a toujours su dans ton style très très créatif, valoriser le pagne tissé et le koko dunda, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina.
    Merci de donner l’exemple et d’encourager les jeunes à consommer et à valoriser ce que nous produisons au Burkina !
    Tous mes encouragements 👋👋👋

    1. Merci beaucoup pour votre soutien constant et pour votre commentaire positif. Vivement que cet article puisse susciter, les jeunes à valoriser d’avantage et surtout consommer tout ce que nous produisons au Burkina en vue de soutenir l’économie local.

  4. Mes félicitations à toi pour ta valorisation sur le pagne tissé et le koko dunda.
    Tu es vraiment une ambassadrice de ce pagne tissé et Koko dunda par ta création de tes modèles auprès de tes stylistes
    . Bravo à toi et que vivement les Burkinabès valorisent nos pages tissés et Koko dunda, ce qui entraînera une hausse de notre économie.
    👏👏👏👏 Bravo à Dr BOUGOUMA

    1. Merci à vous pour d’avoir pris le temps de publier cet avis. En effet seul la Valorisation de nos pagnes traditionnels par nous les Burkinabè permettra la pérennisation de nos entreprises exerçant dans la production et la vente. Merci et à très bientôt !

  5. Ma grande sœur chérie avec un style vestimentaire toujours en adéquation avec ses idées et opinions.tu nous montre le pas a suivre pour valider et mettre en avant nous valeurs traditionnelles en matière d’habillement. Bon vent à toi!

    1. Merci avant tout petite sœur pour ton commentaire très positif. A travers ce l’article , je mets le doigt sur un problème de notre société, à la lumière de mon propre parcours. En effet nous devons booster notre économie nationale par notre engagement pour la valorisation de nos pagnes .Merci encore et à bientôt !

  6. Je pense que chaque culture à une âme et lorsque l’on perd sa culture on tourne sans repert identitaire. Nos tenues traditionnelles sont un élément de notre culture et je valide votre développement sur le sujet Dr. BRAVO et bonne suite.

  7. Merci grandement pour votre message !
    En effet chaque culture à une âme , elle est donc l’âme d’un peuple. Ma passion pour les pagnes traditionnelle se définit par le besoin de montrer mon appartenance à mon pays le Burkina Faso. La culture e est fondamentale dans la mesure où c’est elle qui distingue les différents peuples. Cependant l’économie, l’agriculture , l’élevage et l’éducation peuvent être plus ou moins identiques, mais la culture est l’âme d’un peuple et constitue la plus grande richesse d’un peuple.

  8. Bonjour docteur Bougouma, félicitations et mes encouragements pour ce thème qui est d’actualité car nous célébrons notre semaine nationale de la culture et nos autorités actuelles ont décidé de compter et valoriser notre potentiel endogène. L’art vestimentaire et l’art culinaire sont deux composantes essentielles de toute culture. Et comme le capitaine Thomas Sankara disait ” consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons ” plus nous allons adopter cet art vestimentaire à base de nos pagnes traditionnels ( koko Dunda et Faso Danfani
    ) plus nous valoriserons notre culture. Nos tisserands libereront aussi d’avantage leur génie créateur en vivant de leur travail. Je suis en phase avec vous sur le thème car tout ce qui dégrade la culture raccourci le chemin vers la dépendance et la servitude.

  9. Merci beaucoup Mr Tiendrebéogo pour votre commentaire . Vivement que le rêve de Thomas SANKARA: produisons ce que nous consommons et consommons ce que nous produisons soit notre slogan pour la vie. Ainsi, produisons ce que nous consommons ne doit pas être une simple formule lapidaire, mais toute une vision sur la culture, l’éducation, la santé, l’environnement, l’agriculture…. En effet aucune nation ne peut se développer sans la valorisation de sa culture. Cette vision de Thomas SANKARA pour son pays qui fait que plus de 40 ans après sa disparition, il est si présent dans l’esprit des africains en général et des Burkinabès en particulier. Nos dirigeants et nos politiciens doivent avoir ces genres de visions pour bien gouverner car un programme seul de société n’est pas suffisant .

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