Intelligence artificielle : interview avec M. Kalifa Sankara, Doctorant en Intelligence Artificielle

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M. Kalifa Sankara est un Burkinabè vivant en France. Il est Responsable Business Intelligence chez Eni, une multinationale opérant dans le domaine des hydrocarbures et de la fourniture d’électricité et de gaz en France. Doctorant en intelligence artificielle que nous allons désigner dans cet entretien par AI (Artificial Intelligence), il a accordé un entretien à Digital Magazine Burkina. Dans cet entretien, il nous a partagé son parcours, il nous parle de l’AI, sa définition, ses enjeux, son importance, sa contribution pour le développement du Burkina Faso et de l’Afrique d’une manière générale, de ses projets pour le Burkina et bien d’autres sujets. 

M. Sankara, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, merci pour l’occasion que vous me donnez de m’exprimer dans votre tribune. A l’état civil, je suis Sambo Kalifa SANKARA, burkinabè résidant en France et Responsable BI chez Eni France. Je suis passionné de nouvelles technologies, de politique, et de football.

Vous êtes Doctorant en AI. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai un parcours qui s’est déroulé sur deux continents : l’Afrique et l’Europe. J’ai fait mes études jusqu’au baccalauréat au Burkina Faso. Je suis diplômé d’un BAC D, car très vite, très jeune, j’ai été passionné par les sciences exactes. Après mon BAC, j’ai séjourné 3 ans au Sénégal, où j’ai été diplômé d’une Licence Professionnelle en Génie Logiciel. Le Sénégal, un pays pour lequel je garde de très bons souvenirs pour son accueil, « le pays de la Teranga » dit-on. Après l’étape Sénégalaise, j’ai déposé mes valises en France, à Paris, au sein de l’Institut Galilée où j’ai obtenu mon master en Exploration Informatique des Données Décisionnelles. J’ai entamé après ce master, une carrière professionnelle dans une société de conseil, puis une deuxième et une troisième société.  

En tout, j’ai effectué 12 missions dans lesquelles j’ai pu partager mon expertise autour de la Business Intelligence. Mon grand intérêt pour les sciences politiques, m’a aussi amené à Sciences Po Bordeaux où j’ai obtenu un précieux diplôme sur les études africaines. Ce séjour à Sciences Po Bordeaux me permet aujourd’hui d’avoir davantage d’indicateurs pour analyser de façon poussée et précise les situations politiques du continent africain.

Après ma longue expérience dans le conseil, j’ai décidé il y’a 3 ans de m’internaliser. Ce choix m’a conduit tout d’abord au sein du groupe SMCP (Sandro-Maje-Claudie Pierlot-Fursac) où j’ai eu la charge de projets d’envergure tournant autour de la Business Intelligence. Depuis mars 2022, j’ai rejoint le groupe Eni en tant que Responsable du département Business Intelligence. Ce département est central car il accompagne de façon efficace, au quotidien, les décideurs dans la prise de décision stratégique, dans un contexte où l’énergie est au cœur des préoccupations des citoyens et des gouvernements.  

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Qu’est que l’AI ?

De façon vulgariser AI renvoi à un processus qui permet de simuler l’intelligence humaine. L’AI va permettre à travers des machines, des robots, de créer des alternatives efficaces à l’intelligence humaine. L’AI apparaît pour la première fois en 1956 lors d’une conférence à Dartmouth, aux USA. Elle a été mise en évidence par le célèbre chercheur John McCarthy.

John McCarthy

Après 1956, la mise en place de l’AI va se matérialiser de façon concrète en 1966 avec le développement des premiers robots. En 1970, ces premiers robots développés commencent à présenter leurs limites. En 1977, des robots sont mis en place pour tester la compétitivité. Les premières expériences avec ces robots ne sont pas concluantes jusqu’en 1997 où le Deep Blue d’IBM arrive à battre le champion du monde des échecs. Le 21e siècle marque un tournant dans l’AI : en 2005, la première voiture autonome est créée et en 2016, Google met en place la célèbre machine AlphaGO qui réussit l’exploit de battre Lee Sedol, champion du monde du jeu de GO. Aujourd’hui l’AI est une discipline qui s’applique à tous les domaines de notre société : la santé, l’éducation, la défense, et tous les autres domaines.

Quels sont les avantages de l’AI ?

L’AI est certainement la discipline qui va révolutionner notre façon de travailler. D’ailleurs son application est déjà une réalité dans plusieurs secteurs.

Quelques exemples concrets d’application de cette AI :

La santé : la médecine augmentée permet de réaliser des interventions chirurgicales complexes. Des interventions qui ne sont pas possible à l’œil nu.

L’éducation : l’AI est aujourd’hui utilisée dans l’apprentissage innovant. Plusieurs solutions d’AI permettent à de nombreux pays d’évaluer leurs systèmes pédagogiques.

La protection de l’environnement : l’AI est une réalité dans l’évaluation des effets des changements climatiques au quotidien. Elle permet de dégager des projections pour comprendre l’avenir.

La communication : L’IA via des bots, chatbots, permet de répondre aux questions fréquentes et récurrentes des utilisateurs d’un site internet de façon automatisée. 

Quels peuvent être les apports de l’AI pour l’épanouissement social et économique du Burkina Faso et d’une manière générale de l’Afrique ?

L’AI va apporter beaucoup au Burkina et à l’Afrique. Elle est déjà utilisée dans plusieurs pays du continent. Je pense à l’Afrique du Sud, au Sénégal, au Ghana, au Nigeria et récemment le Bénin qui ont déjà lancé des projets innovants dans le domaine de l’AI. L’AI va contribuer à faire évoluer nos sociétés grâce à sa capacité de projection via les données. A l’horizon 2040, 14% des emplois vont être modifiés avec l’AI. Aussi, les perspectives sont infinies dans le domaine économique avec la multitude de projets à forte valeur économique possible grâce à l’AI.

Quelles sont pour vous les obstacles au développement de l’AI dans nos pays ?

Trois obstacles principaux apparaissent dans le processus de développement de l’AI dans le contexte des pays africains.

Le premier obstacle concerne la limite ou l’inexistence de politiques publiques sur la donnée. Une AI sans data n’est pas possible. 

Le deuxième obstacle est numérique. Plusieurs chantiers ont été lancés ces dernières années dans nombre de pays africains, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le numérique est un lévier important dans le développement de l’AI. 

Le dernier obstacle pour le développement de l’AI est la qualité et la disponibilité du réseau internet. 

L’AI est nourrie par le big data. Quels sont les risques pour la vie privée et la sécurité avec cette collecte massive, stockage et traitement des données des utilisateurs ?

Il existe en effet un risque sur la sécurité des données. Ce risque n’est pas seulement lié à l’AI mais bien à tous les projets informatiques. Il est important d’associer à chaque projet AI, une phase qui traite en priorité la sécurité. Ce projet sur la sécurité devra assurer toutes les règles entourant le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données). Il faut également des organes de contrôles dans nos pays comme la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des libertés).

La principale matière première de la digital econony ou data economy selon certains analystes ce sont les données. Vous avez dit lors de votre interview sur la chaine de télé BF1 que la data est le pétrole du 21èmesiècle. Comment nos pays peuvent-ils tirer parti de cette nouvelle donne économique ?

Kalifa Sankara – Surface de Véritié, BF1

La Data est le pétrole du 21ème siècle dans la mesure où, comme le pétrole, elle doit être traitée avant d’être exploitée.

Afin de pouvoir tirer parti de cette richesse brute, il faut que nos pays puissent développer de vrais projets autour de la data. La collecte, l’exploitation et la vulgarisation de la data doivent être accessibles à tous les niveaux de la société, dans nos administrations, dans nos institutions. La data devra être une ressource comprise, accessible et exploitable. La mise en place d’un organe national de la Data peut permettre d’impulser une stratégie nationale des projets majeurs au tour de la donnée.

L’année 2022 est connue comme l’année de vulgarisation de l’AI au grand public avec notamment la montée des agents conversationnels dont le plus emblématique ChatGPT. On a aussi vu Google lancer Bard ce mois (avec un peu de précipitation) pour éviter que ChatGPT ne prenne son business de plus de 200 milliards de dollars du search. Quels sont les avantages mais aussi les risques pour l’éducation pour ces agents conversationnels ?

ChatGPT a été à coup sûr le canal de vulgarisation de l’AI au grand public. Plusieurs personnes ont compris à la faveur de la mise en lumière de ChatGPT la force de l’AI. Aussi, plusieurs utilisations détournées ont pu être constatées avec ChatGPT. Cet agent représente aujourd’hui un réel risque dans le domaine de l’éducation. Des exemples de tricheries ont pu être constatés. Il est aujourd’hui plus qu’urgent de penser à des systèmes de contrôles, de restrictions qui permettront d’assurer le moins de dérive sur ce type d’outil sans pour autant stopper l’élan positif qu’il a pu susciter.

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A présent, parlons de vous ? Vous êtes Business Intelligence Manager chez ENI en France ? En quoi consiste votre travail ?

Mon travail de responsable Business Intelligence consiste en partie à coordonner la politique Business Intelligence d’Eni France. Pour ce faire, je suis accompagné au quotidien par une solide équipe d’expert Business Intelligence. Mes équipes sont composées de profils Data Analysts, Business Analysts, data Scientists et de chefs de projets. Nous sommes en charge de mettre en place des analyses et des KPI pour permettre aux décideurs de prendre rapidement des décisions stratégiques. La Business Intelligence méconnue il y’a quelques années est aujourd’hui un département central dans les sociétés qui veulent se donner les moyens d’analyser leurs activités actuelles et de se projeter de façon plus rassurée sur les événements du futur.

Avez-vous un appel pour les Software Engineer et plus spécifiquement ceux travailler dans l’AI du Burkina ?

Oui, merci pour l’occasion. J’invite tous les acteurs du monde informatique et plus précisément ceux qui œuvrent dans les domaines en lien avec l’exploitation de la Data à une meilleure coordination de nos actions et de nos efforts. Force est de constater, que les projets mutualisés ont plus d’impact dans l’AI. Je réfléchis à mettre en place un cadre de concertation régulier pour échanger ensemble sur les actions à mener dans nos domaines respectifs et proposer des actions concrètes aux politiques publiques. C’est ensemble que nous mènerons et réussirons les grands chantiers de notre pays. C’est ensemble que nous contribuerons à notre niveau à faire évoluer les choses. A ce sujet, j’invite tous les ingénieurs désireux de rejoindre ce projet de se rapprocher de moi via mes pages personnels Linkedln ou Facebook.

Quels sont vos projets pour le Burkina ?

A votre question, plusieurs réponses défilent en moi. J’ai plusieurs ambitions pour ma patrie. Pour rester dans le cadre du digital et de l’informatique, j’ai pour projet immédiat de lancer un centre d’accueil des jeunes pour les initier à l’outil informatique et accompagner ceux qui le demanderont vers des métiers informatiques. Ce projet est en cours de structuration avec un groupe d’amis expérimentés. Je pense aussi accompagner mon pays avec mon expérience dans le domaine de la data de façon générale par des conseils et des propositions concrètes aux autorités publiques. Enfin, dans le cadre de la thèse que je mène actuellement, je vais pouvoir permettre aux centrales solaires installées au Burkina et dans d’autres pays de mieux exploiter l’énergie solaire au quotidien.

Quel est votre mot à l’endroit Digital Magazine Burkina ?

Merci à Digital Magazine Burkina pour cette occasion qui m’a été donnée de m’exprimer sur votre plateforme. Je tiens à vous féliciter pour la pertinence de vos articles et la qualité de vos recherches. Votre rapport sur le Digital paru le mois de janvier 2023 était très pertinent. Je vous invite à œuvrer à plus de médiatisation au tour de votre magazine pour informer l’ensemble des Burkinabè des villes et des campagnes. Digital magazine Burkina a de beaux jours devant lui. A titre personnel, je reste disponible à vous accompagner.

Votre dernier mot ?

Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de nous lire. J’espère avoir permis à vos lecteurs de mieux comprendre et d’en savoir plus sur l’AI et les métiers de la data de façon générale. 

Que Dieu bénisse le Burkina Faso. Que Dieu bénisse le monde !

Digital Magazine Burkina, La Rédaction

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