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La parité entre l’euro et le dollar a été atteinte ce 12 juillet 2022 dans un contexte de baisse boursière en Europe face aux craintes de récession a indiqué Reuters.
Attendue depuis des semaines, cette parité a finalement été atteinte le 12 juillet dernier. Cela n’était jamais arrivé depuis 2002, date de mise en service de l’euro.
Cette dépréciation de la monnaie unique du bloc européen va entrainer une hausse du prix des produits importés, accentuer l’inflation, ce qui peut réduire l’attractivité pour la zone euro.
En effet, le risque d’une coupure des approvisionnements russes en gaz pour l’Union européenne a entrainé une chute de l’euro. Les investisseurs privilégiaient la monnaie américaine qui a gagné près de 14% depuis le début de l’année et s’est brièvement échangé à 1 dollar pour 1 euro. Depuis 20 ans, l’euro évoluait très largement au-dessus du dollar, il faut le souligner. Et cette chute de l’Euro a véritablement commencé pendant la crise de Covid-19 où les Etats européens ont multiplié les plans d’aides pour faire face aux restrictions. Il faut noter qu’à cette époque, l’économie de l’Allemagne, économie n°1 européenne a commencé à montrer des faiblesses, ce qui a contribué en partie à la baisse de l’Euro. Cette chute de l’euro a aussi été accéléré par la guerre en Ukraine qui a débuté en février 2022, avec l’inflation qui en résulte sur les prix des produits alimentaires et énergétiques et la menace du côté de fermeture du robinet du gaz qu’elle exporte au reste de l’Europe. Sans gaz russe l’économie européenne pourrait plonger dans la récession.
Bonne ou mauvaise nouvelle cette parité ?
En l’espace de six mois, le dollar a gagné 14% et la dégringolade de l’euro pourrait se poursuivre. En effet le dollar considéré comme une valeur refuge sûre pourrait intéresser davantage les investisseurs à l’utiliser. Face à cette parité, bonne ou mauvaise nouvelle c’est selon de quel côté on se place.
En effet, coté bonne nouvelle, on dirait que cette parité est un véritable atout pour les exportations en particulier dans les secteurs de l’aéronautique, de la chimie ou encore de l’agroalimentaire. Le secteur du tourisme va également profiter de cette parité.
La parité va entrainer la hausse du coût des importations pour certains pays africains comme le Burkina
Qu’en est-il du côté des pays africains ? Quelles peuvent être les conséquences d’une telle parité pour un pays comme le Burkina Faso par exemple ?
Digital Magazine Burkina a tendu le micro à un spécialiste de l’économie monétaire à l’instar du Directeur Adjoint de l’UFR sciences Economique et de Gestion (SEG) qui a bien voulu nous répondre. Selon le Dr Salifou OUEDRAOGO. Il a fait savoir qu’une telle parité pourrait être un avantage en ce qui concerne les exportations et un inconvénient quant aux importations et qui aurait comme conséquence de plomber notre économie et induire une hausse des prix sur le marché. En effet, le Burkina Faso importe plus de biens et services (principalement de la Chine, de la Côte d’Ivoire, de la France, des USA et de la Russie) qu’il en exporte (principalement vers la Suisse, l’Inde, la Côte d’Ivoire, le Singapour et le Ghana. « Le Franc CFA étant arrimé à l’euro, cette parité entraine indirectement un changement avec le Dollar également…entrainant du coup une hausse du coût de l’importation d’où l’inflation importée » a déclaré le Dr OUEDRAOGO. En effet, Il a fait savoir qu’avec une inflation à deux chiffres que connait le Burkina qui est d’ailleurs une des plus élevé de la zone économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), cette parité euro-dollar viendrait à accentuer l’inflation. La crise sécuritaire que connait le pays également, ne permet pas non plus l’entrée de devises par le biais du tourisme qui serait un puissant canal pour renflouer les caisses à travers cette parité et amoindrir la situation par la même occasion. Par ailleurs, le service de dette connaîtra également une augmentation car l’encours réel de la dette extérieure en 2020 en dollars est de 22.1%.
A noter que cette analyse s’applique aux autres pays membres de l’UEMOA. 1 dollar vaut aujourd’hui 651,97 FCFA.
Le risque d’augmentation des coûts des importations et du coût de la vie dans notre pays s’explique par le fait que les importations sont payées en dollar. Si le dollar devient plus cher, acheter des dollars pour financer les importations devient alors cher. Par exemple, au moment où un dollar était échangé à 600FCFA (1$=600FCFA), un produit qui coûte 1.000F$ à importer revient à 600.000FCFA. Dans un contexte où un dollar monte à plus de 655FCFA, il faut débourser 655.000FCFA pour importer le même produit qui coûtait 600.000FCFA ; donc une augmentation de 55.000F ; soit une augmentation d’environ 10%.
Pierre Oued.
