Fuite des cerveaux : le Togo mène une lutte pour contrer le phénomène

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Les autorités togolaises exigent désormais un retour obligatoire au Togo des étudiants togolais boursiers après leur formation à l’étranger. Depuis plusieurs années, en effet, de nombreux boursiers togolais ne reviennent plus au pays à l’issue de leurs études. Cette fuite des cerveaux occasionne une perte énorme pour le pays révèle notre confrère de la DW.

L’Etat togolais afin d’encourager l’excellence a institué l’octroi de bourses aux étudiants les plus méritants afin que ces derniers puissent aller à l’extérieur engrangé des compétences. Et selon le professeur Majesté N. Ihou Wateba, ministre togolais de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, les étudiants togolais bénéficient de bourses du gouvernement pour étudier à l’étranger, ainsi que des bourses de coopération dans le but de développer les compétences nécessaires pour renforcer le tissu socio-économique du pays. Ces bourses visent donc à promouvoir le développement du pays en formant une main-d’œuvre qualifiée.

“C’est la crème de la crème qu’on envoie étudier dans les universités extérieures, notamment européennes. Ce sont les premiers de leurs promotions qu’on envoie. Et, comme ils sont premiers au Togo, ils le restent à l’étranger. Et comme ils sont bons à l’étranger, les écoles qui les ont formés et leurs enseignants préfèrent servir la cause des pays étrangers”, déplore le ministre togolais de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Des avis divergeant quant à la fuite des cerveaux

Si le ministre de l’enseignement supérieur, M. Wateba est déconcerté par l’attitude de ces brillants étudiants, ces derniers eux ont tout de même un autre regard de la situation voyant cela autrement. “Je suis rentré parce que je me disais qu’il y avait du travail à faire. Même après mon retour, j’ai eu des occasions pour repartir mais je croyais que c’était faisable, qu’il y avait de l’espoir et qu’on pouvait faire des choses ici. Mais plus les années passaient, plus je me suis rendu compte que ce n’était pas évident.” Relate tristement Koffi, étudiant et qui a ainsi dû faire face aux réalités parfois difficiles de son pays et finalement, celui-ci est reparti récemment au Canada.

Le refus de revenir travailler au Togo est souvent expliqué par plusieurs facteurs, tels que le manque ou l’inadéquation des infrastructures, les crises économiques, un climat des affaires peu propice à l’auto-emploi, des conditions socioprofessionnelles peu satisfaisantes, des salaires peu attractifs et un déséquilibre entre l’offre et la demande de travailleurs qualifiés.

Pour Sika, étudiante à l’université de Lomé “ils ont raison. Il ne faut pas les blâmer parce qu’au Togo, la jeunesse peine à trouver du boulot. Là-bas, ils trouvent leur pain quotidien et c’est la raison pour laquelle ils décident de ne pas revenir. “

Obligation de retour

Pour arrêter cette fuite des cerveaux, le gouvernement fait signer, désormais, à tous les boursiers togolais devant aller étudier à l’étranger un engagement de retourner au Togo à la fin de leurs études.

Le pays a “besoin de cette intelligentsia qui s’en va. C’est pour ça que dans les partenariats, nous mettons un accent important sur la nécessité du retour au pays des cadres que nous formons”, explique Majesté N. Ihou Wateba, ministre togolais de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Un avis soutenu par Marie-Madeleine Ahoefa, étudiante à l’université de Lomé pour qui les étudiants “doivent aller là-bas apprendre et revenir ici servir leur pays. Donc, je suis parfaitement d’accord avec le message du ministre. “.

Mais depuis quelques années, peu d’étudiants boursiers togolais sont revenus s’installer dans leur pays. La question est donc désormais de savoir si les signataires de cet engagement le respecteront, ou bien s’ils choisiront de rester dans un pays où les conditions salariales sont souvent meilleures.

Pierre Ouédraogo