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Face à la recrudescence des tracasseries policières et des actes de corruption sur les axes routiers, la Coordination nationale du contrôle des forces de police (CONASERP) s’impose comme un rempart institutionnel. Lors de la conférence de presse tenue ce mardi 12 aout 2025, son coordonnateur national a présenté les missions, les résultats et les perspectives de cette structure née d’un contexte sécuritaire existant.
Alors que les usagers dénoncent depuis des années les tracasseries et corruptions lors des contrôles routiers, la Coordination Nationale de Contrôle des Forces de Police (CONASERP) intensifie son action. Le Colonel de gendarmerie Kanou Coulibaly, Coordonnateur national, a détaillé devant les medias, les avancées et les défis de cette structure clé dans la sécurisation des routes nationales.

La naissance d’une commission face à des maux récurrents
La création de la CONACP n’est pas le fruit du hasard. Comme l’a rappelé le Coordonnateur, « la structure est née dans un contexte multifactuel qui prend en compte la recommandation de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) relative à la libre circulation des personnes et des biens, l’avènement du terrorisme induisant la résurgence des postes de contrôle avec leurs corollaires de tracasseries policières, de rackets et de corruption, ainsi que les plaintes récurrentes des usagers. »
C’est pour répondre à ces défis que le gouvernement a pris le décret numéro 2016-12-82 du 30 décembre 2016, donnant naissance à cette entité dédiée à la surveillance et à la régulation des pratiques sur nos routes. Concrètement, cette structure vérifie plusieurs aspects cruciaux : l’organisation des postes de contrôle, les moyens de protection déployés, et surtout la qualité des interactions entre agents et usagers. “Nous déployons régulièrement des équipes sur les principaux corridors routiers pour observer le déroulement des contrôles”, explique le Colonel.

Trois axes de missions pour une action efficace
Les missions de la CONACP sont claires et structurées en trois volets essentiels pour garantir une approche globale du problème. Selon le Coordonnateur : « Il s’agit des missions opérationnelles, des missions éducatives et des missions d’assistance. ». Les missions opérationnelles, elles se concentrent sur la lutte contre les pratiques corruptives, les rackets, les tracasseries, les abus de fonction et les perceptions illicites. Pour les missions éducatives, la commission diffuse les meilleures pratiques en matière de contrôle de police et élabore des supports de sensibilisation pour tous les acteurs du transport routier. Enfin les missions d’assistance sont le point de contact direct avec le public, qui inclut la réception et le traitement des plaintes et dénonciations des usagers victimes ou témoins de mauvaises pratiques.
Des abus persistants malgré les progrès
Le bilan présenté montre une situation contrastée. Si le nombre de plaintes a chuté de 81,5% au premier semestre 2025 (passant de 600 à 111), certains problèmes récurrents persistent.
Parmi les pratiques illicites les plus courantes : les paiements illégaux exigés même aux usagers en règle, et les retards abusifs infligés à ceux dont les documents sont valides. “Un usager avec des papiers en ordre ne devrait jamais être retardé”, insiste le Coordonnateur, rappelant la nouvelle mesure imposant aux agents d’effectuer les contrôles au pied du véhicule pour plus de transparence.
Le défi des sanctions : des textes à adapter
Si les progrès sont réels, le système de sanctions reste perfectible. “Nous engageons des poursuites contre les agents fautifs, mais les textes actuels limitent l’application effective des sanctions”, reconnaît le responsable.
Un travail est en cours pour réviser la réglementation, avec deux objectifs : instaurer des sanctions hiérarchiques plus dissuasives et créer une structure dédiée à leur application. “C’est la prochaine étape cruciale pour consolider nos résultats”, affirme le Colonel.
Un appel à la mobilisation collective
Pour finir, le Coordonnateur a lancé un message fort en fournissant des canaux de saisine permettant à toute personne de signaler un incident facilement et rapidement.; “La corruption routière résiste, mais nous progressons. Chaque citoyen peut contribuer en signalant les abus via notre numéro vert (10 20), WhatsApp (70 20 07 32) ou en se rendant à notre siège.” a-t-il déclaré. Avec un nouveau décret en préparation et une plateforme digitale à venir, la CONASERP se donne les moyens d’intensifier son combat pour des contrôles routiers plus justes et plus efficaces. Un enjeu crucial pour la sécurité et le développement économique du pays.
Pierre Ouédraogo
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