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La Guinée-Bissau va étendre sa plateforme de gestion des salaires basée sur la blockchain à tous les fonctionnaires d’ici novembre 2024. Ce choix ambitieux vise à renforcer la transparence, la sécurité et l’efficacité des processus administratifs et financiers.
Adopter en mai 2024 pour moderniser et optimiser plusieurs opérations étatiques, la blockchain fera partie intégrante de la gestion des salaire des fonctionnaires en Guinée Bissau. Selon Concha Verdugo Yepes, économiste principale au département Afrique du Fonds monétaire international (FMI) et responsable du programme Blockchain Solution de l’institution, la solution de la blockchain sera en mesure de tracer les informations de l’ensemble des 26 600 agents et 8100 retraités de la fonction publique que compte le pays. C’est l’information en substance qu’elle a délivré à IMF Country Focus, la plateforme d’actualité du FMI, au cours d’un entretien publié le mercredi 2 octobre.
En adoptant la blockchain pour la gestion des salaires, la Guinée Bissau souhaite réduire les risques de fraude et offrir une meilleure visibilité sur les finances publiques. Toujours selon Concha Verdugo Yepes « La plateforme offre un registre numérique sécurisé et transparent pour la gestion des données relatives à la masse salariale de la fonction publique, permettant un suivi en temps quasi réel de l’éligibilité aux salaires et aux pensions, de la budgétisation, des approbations de paiement et des versements des salaires et des pensions. Elle améliore considérablement l’intégrité des données et permet la production de rapports fiscaux précis et opportuns à l’usage des décideurs politiques et du public.» a-t-elle indique.
Il faut noter qu’avec cette innovation voulu la Guinée Bissau, c’est l’une des premières plateformes d’Afrique subsaharienne à utiliser la technologie blockchain pour améliorer les opérations gouvernementales, notamment dans la gestion des salaires et des pensions.
Une solution pour rationaliser les dépenses gouvernementales
Au début de la conception du projet en 2020, 84 % des recettes fiscales réalisées par l’État servaient à la rémunération salariale des fonctionnaires bissau-guinéens. C’était le ratio le plus élevé de la région selon José Gijon, le chef de mission du FMI en Guinée-Bissau. Il déclare que « pour 100 dollars collectés en impôts, 84 dollars étaient dépensés en salaires. Ce ratio est désormais tombé à 50 %, ce qui représente une amélioration considérable, mais reste élevé par rapport aux critères de convergence budgétaire régionale de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) selon lesquels les salaires ne doivent pas dépasser 35 % des recettes fiscales ».
Le gouvernement de Guinée-Bissau a adopté la blockchain pour combattre entre autres la mauvaise gouvernance dans les finances de l’État, le détournement de deniers publics, la corruption. Finis le phénomène de fonctionnaires fictifs, les fraudes à la paie et autres subterfuges qui perduraient à cause de la mauvaise traçabilité des fonds publics. La plateforme enregistre, stocke et échange des informations en toute sécurité de sorte qu’elles ne peuvent pas être modifiées. Chaque opération est inviolable et la plateforme détecte toute incohérence dans les informations relatives aux salaires, qu’elle signale aux services compétents.
Pour le FMI, la solution offre plus de possibilités puisqu’elle simplifie aussi la réalisation des rapports de vérification et des opérations de rapprochement, en plus d’alimenter des modèles d’intelligence artificielle (IA) avec des données fiables, actualisées et de haute qualité.
Pierre Ouédraogo