L’avenir des pharmacies se trouverait-il dans le digital ? Analyse des enjeux avec Dr Bougouma Edith Christiane. Pharm.D ; PhD en Santé Publique et Microbiologie

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La pharmacie s’est toujours organisée sur les fondamentaux d’un magasin, particulièrement en Afrique. Les établissements pharmaceutiques ont besoin de se libérer de ces contraintes commerciales et de permettre d’accueillir les patients dans des zones médicales exemptes d’approche marketing. Ils ont besoin de s’agrandir ou de remanier leur espace de vente pour proposer des nouveaux services répondant aux besoins des populations.

“Il est logique et certain qu’en diversifiant l’offre médicale et en créant de nouveaux services, les besoins humains et financiers seront nécessairement plus importants’’. [1] 

Pharmacies du futur

L’objectif est d’imaginer et de construire en partie, la pharmacie du futur : une pharmacie renouvelée, rentable, en croissance, en harmonie avec son époque, et notamment une officine qui s’inscrit dès aujourd’hui dans son époque de développement technologique hyper rapide avec le bon timing ; bref, une pharmacie qui s’approprie les développements technologiques et leur croissance exponentielle pour développer sa productivité et ses qualités, et reprendre l’initiative entrepreneuriale du contrôle de son avenir.

L’évolution du digital est en plein essor et est susceptible de modifier durablement le paysage actuel de l’officine. On nous parle de Pharmacie ‘’Connectée’’, ou Pharmacie ‘’Nouvelle génération’’.

Enfin, la Pharmacie du futur permettra aux patients de venir avec leurs appareils connectés et d’analyser, à l’aide d’une borne, leurs différents paramètres vitaux (pression artérielle, fréquence cardiaque etc.). [2]

Médecins surbookés, patients hyper pressés, services d’urgences souvent congestionnées…, le pharmacien pourrait apparaître de nos jours comme un interlocuteur facilement accessible pour les patients. Il devrait constituer la première étape (pour certaines pathologies courantes ne nécessitant pas obligatoirement une prise en charge d’un Médecin) du parcours de soins et voir son champ d’intervention et de compétences s’élargir en réponse à la demande croissante, au nombre de médecins très insuffisant et au nombre réduit des hôpitaux.

En bref, la pharmacie du futur révolutionnera la profession du pharmacien d’officine en tout point, à savoir la prise en charge du patient, voire la Qualité de vie des patients. [2] En effet, le Pharmacien étant un professionnel de santé au service des patients, il est donc à la fois un maillon important et essentiel dans le parcours de soin, un spécialiste du médicament et un soutien pour les patients.

Les progrès technologiques apporteront de nouveaux moyens en matière d’accessibilité aux médicaments et de sécurité pour leur acheminement. Le champ des compétences du pharmacien devrait s’élargir, ce qui, finalement, permettra de renforcer la collaboration médecin-pharmacien.

Des écrans tactiles et interactifs connectés en remplacement des étagères de médicaments. 

Les étagères débordantes de boîtes de médicaments derrière le comptoir laisseront bientôt place à des écrans interactifs qui permettront de sélectionner directement la catégorie de médicaments et même choisir le médicament souhaité. [2] Par exemple, le pharmacien pourra cliquer sur « Paludisme » pour faire apparaître les médicaments adéquats. Par la suite, un assistant ou un robotconnecté se chargera de rapporter le bon traitement au pharmacien.

Les espaces de vaccination, suivis de médication et dépistages.

Aujourd’hui, les activités du pharmacien ne devraient pas se limiter à la simple délivrance de médicaments. En effet, celui-ci dispose d’un large panel de compétences qu’il pourra mettre au profit de ses patients, qui parfois n’arrivent pas à obtenir rapidement de consultations.

Il pourra pratiquer cette activité dans des espaces dédiés, et même réaliser des dépistages (l’hépatite C, Dingue, Palu, Contrôle de glycémie etc.) rémunérés à l’acte et remboursés. Enfin, les suivis de médication (observance …)  en cas de maladies chroniques comme les cancers, l’asthme, l’hypertension…, pourront également être réalisés dans ces espaces confidentiels.

Service de livraison de médicaments en ligne

Pour les grandes distributions, et par certains géants du web, la santé a toujours été un de leurs objectifs. Cependant, avec une très bonne coordination, nos ministères pourront soutenir ou organiser un service de livraison de médicaments à domicile en relation avec un pharmacien disponible en visioconférence 24h/24h. 

Digitaliser la valeur ajoutée…

Est-ce dans cette activité de délivrance que réside la valeur ajoutée du métier de pharmacien ? Je dirais non ! non ! et non !

Un consommateur poussant la porte d’une pharmacie s’attend-t-il à la même expérience qu’en entrant dans une boutique, un bureau de poste ou un supermarché ? La réponse est évidemment non. 

La promesse n’est pas de ressortir avec des médicaments, mais de ressortir avec une amélioration de son état de santé et surtout de son bien-être. 

La concrétisation de cette attente réside dans la crédibilité et la confiance que le consommateur accordera aux pharmaciens. 

Basés sur l’expertise et la spécialisation, le conseil et la vigilance constituent la réelle valeur ajoutée des pharmacies et se décline en différents actes médicaux (validation de la compréhension de la prescription médicale, détection de risques d’interaction médicamenteuse…) ou administratifs (assistance au processus de remboursement).

Si cette valeur ajoutée est beaucoup plus difficilement numérisable, elle ne peut cependant être considérée comme un sanctuaire imperméable au changement et protégée par la réglementation. À l’instar des autres industries impactées par la transformation digitale, la pharmacie doit apporter de nouveaux services incluant le digital au risque de se faire remplacer par de nouveaux acteurs. [3]

À mon sens, peu mise en valeur et surtout mal quantifiée, l‘activité de conseil du pharmacien devrait bénéficier du phénomène de digitalisation des services afin d’apporter un réel bénéfice aux consommateurs. Les services envisageables sont nombreux :

• Information en ligne ;
• Précommande en ligne à partir d’une image de l’ordonnance ;
• Suivi de l’observance des traitements ;
• Communauté digitale de patients ;
• Conseil sur l’adaptation du domicile à la situation de santé ;
• Prévention des risques à domicile ;
• Partage des bonnes pratiques et des ressources entre professionnels de santé.

Pour répondre à des enjeux de santé publique

Les pharmaciens pourraient ainsi, au travers de ces nouveaux types de services, se prévaloir d’adresser de véritables enjeux en termes de santé publique. 

Citons des exemples concrets :

• Diminution de la résistance aux molécules par la prise en charge du paludisme : le diagnostic du paludisme est nécessaire avant toute délivrance de médicament ou tout traitement, car on constate malheureusement l’augmentation de l’automédication ;
• Diminution du taux de non-observance : un phénomène qui génère des surcoûts et des risques de complications médicales ;
• L’accompagnement des patients atteints de maladies chroniques comme le diabète, l’asthme et l’hypertension artérielle, dont on constate malheureusement l’accroissement constant et régulier.

Tout devrait être prêt pour la mise en œuvre de ces nouveaux services en termes de compréhension, de technologies et de compétences. La mise en commun des ressources et la résistance au changement seront peut-être les principaux facteurs limitants à réduire.

Cependant, les pharmaciens sont-ils prêts à adopter la e-santé tout en valorisant l’humain dans les relations de soin ou de contact ?

Le digital leur serait-il difficile à adopter ? tout en gardant leur principe éthique et la sécurité des patients ?

L’objectif est d’attirer l’attention des jeunes pharmaciens qui doivent s’installer, afin qu’ils aient une pratique officinale différente, pour une meilleure offre de la qualité des soins !

En conclusion, ma vision pour la PHARMACIE D’OFFICINE :  Horizon 2030 au Burkina 

La pharmacie comme nous l’avons connu dans les années 1980 devrait, ne plus quasiment exister. Les pharmaciens devront se mettre au service des patients. Leur expertise médicale devrait être mise en avant quotidiennement. Les aspects logistiques et administratifs des officines devront être, soit gérés en interne par des personnes spécialisées, soit externalisés.

Pour ce faire, le Management aura enfin la position qu’il mérite au sein de la profession du pharmacien. L’évolution des activités des ressources humaines permettra de redonner de l’attractivité dans la section officinale avec des perspectives de carrières. [3]

Les pharmacies à l’avenir, seront à cheval entre des centres de soins permettant de prendre en charge la population dans sa globalité, et des magasins au service du marketing des laboratoires de parapharmacie.

“Les innovations technologiques permettront de gagner en efficacité et surtout du temps sur les axes administratifs et d’appréhender au mieux les contextes médicaux des patients [1]. La place du digital aura donc une importance capitale pour le bon fonctionnement des officines et sera alors indispensable [1].

L’avenir de la pharmacie est réservé à des Managers Leaders de la santé ; et aussi aux entrepreneurs ayant une culture d’entreprise et passionnés de la Culture Qualité qui auront la vision d’accepter le changement et aussi la volonté et le dynamisme pour faire bouger les lignes afin de garder l’intégrité du maillage officinal tant convoité par plusieurs acteurs [1] 

À lire aussi. Interview avec Dr Bougouma.

Évolution de l’officine : Quel avenir pour la pharmacie – Phar-Excel, https://www.phar-excel.fr/evolution-de-lofficine-quel-avenir-pour-la-pharmacie/.

À l’ère du numérique, quel futur pour les pharmacies – Digisanté, https://www.digisante.fr/a-lere-du-numerique-quel-futur-pour-les-pharmacies/.

Les pharmacies d’officine, prochaines victimes de la digitalisation, https://fr.majorel.com/leblogmarketingclient/paroles-dexpert/les-pharmacies-dofficine-prochaines-victimes-de-luberisation/.

Dr Bougouma Edith Christiane. Pharm.D ; PhD en Santé Publique et Microbiologie, Certifiée en en Bonnes Pratiques de Fabrication, Distribution et Stockage de produits pharmaceutiques & Certifié en Gestion de la chaîne d’approvisionnement.

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Digital Magazine Burkina, La Rédaction