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Les Burkinabè se sont réveillés ce 10 décembre sans signal sur 9 chaines de la TNT. Elles ont été coupées par la SBT pour non paiement de la ligne. Dans un communiqué, le Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ) s’inquiète et dénonce une décision extrême.
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Déclaration du CNP-NZ
Le Centre nationale de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) découvre avec regret, la suspension du multiplexe de la TNT d’une dizaine de télévisions commerciales privées depuis le vendredi 10 décembre 2021. La Direction générale de la Société burkinabè de télédiffusion (SBT) qui a procédé à ces suspensions justifie sa décision par le recouvrement infructueux des créances de la redevance TNT. En effet, la Direction générale de la SBT attendrait de chaque télévision commerciale privée, le paiement de la somme annuelle de soixante-quinze millions (75 000 000) F CFA hors taxe pour la couverture nationale, soit quatre-vingt-huit millions cinq cent mille (88 500 000) F CFA TTC.
Le CNP-NZ suit depuis un certain temps, l’évolution des discussions entre les télévisions commerciales privées à travers leur faitière, l’UBESTV et la Direction générale de la SBT. Ces discussions trainaient certes, mais nous espérions tous une issue heureuse au bénéfice de toutes les parties. Nous n’imaginions pas que la SBT franchirait le pas en allant jusqu’à la suspension des chaînes de télévisions, ce qui constitue à nos yeux une décision extrême.
Cette suspension est incompréhensible et inacceptable de la part de nos autorités qui, il y a peu suspendaient internet, privant ainsi les internautes et les médias pendant plusieurs jours d’un outil de travail devenu incontournable. Ces actions attentatoires à la liberté d’expression et de la presse qui se multiplient dans notre pays inquiètent sérieusement le Centre national de Presse Norbert Zongo dont la mission essentielle est la promotion et la défense de la liberté d’expression et de la Presse.
Le gouvernement, lors du Conseil des ministres du 03 novembre 2021, avait officiellement remis en cause le modèle économique de la SBT, en instruisant le ministre de la Communication de réfléchir à un modèle économique plus opérant pour cette structure. Comment comprendre que face à un tel aveu d’échec, la SBT, au lieu de chercher à rassembler les acteurs pour se doter d’une stratégie viable à long terme, engage un bras de fer avec ses principaux clients ? La presse dans son ensemble végète dans un contexte économique difficile aggravée par la double crise sécuritaire et sanitaire, et mérite soutien en lieu et place de cette pression financière supplémentaire. Avions-nous vraiment besoin de réprimer de la sorte nos médias audiovisuels et de porter atteinte aux droits des consommateurs et singulièrement au droit du public à l’information ?
Nous faisons également le constat que c’est au moment où tous les acteurs engagés dans la lutte contre le terrorisme et la Covid-19 qui interpellent les médias à redoubler d’effort dans la diffusion d’une information responsable, montrant ainsi toute l’attention qu’ils portent au droit des citoyens que cette décision regrettable intervient. Faut-il le rappeler, les médias privés assurent une mission de service public dans la réalisation du droit du public à l’information.
Cette suspension est inquiétante, inopérante et contreproductive si tant est que la mission de la SBT est de faciliter un service de télévision de qualité. Pour faire droit aux citoyens burkinabè, le CNP-NZ :
- appelle à la levée de cette suspension fort préjudiciable aux citoyens burkinabè, aux entreprises de presse ainsi qu’à leurs travailleurs,
- exige des autorités du Burkina Faso à veiller au respect du droit du public à l’information,
- invite la SBT à reprendre les discussions avec les promoteurs de télévisions privées, en vue de trouver une issue heureuse à cette situation,
- appellons le gouvernement à rendre public les résultats de l’évaluation de la SBT sur lesquels il s’est fondé pour remettre en cause le modèle économique de cette structure,
- dit non aux atteintes à la liberté d’expression et de la presse,
- dit non à l’asphyxie des entreprises de Presse.
Pour le Comité de pilotage
Le Président
Guézouma Sanogo