Musique : L’Afrobeat nigérian génère plus 600 millions de dollars l’an et vise le milliard d’ici 2033

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Le Nigeria confirme sa domination musicale continentale avec une industrie qui génère plus de 600 millions de dollars annuels. Porté par le streaming et les tournées mondiales, l’Afrobeat s’impose comme un pilier stratégique de diversification économique pour le pays.

En décembre 2025, Hannatu Musawa, ministre nigériane de l’Art, de la Culture, du Tourisme et de l’Économie créative, a dévoilé un rapport révélateur sur l’ampleur de l’industrie musicale nationale. Intitulé Basslines to Billions: Nigeria’s Music Market Intelligence Report, ce document élaboré par le National Council for Arts and Culture en partenariat avec RegalStone Capital évalue le poids de ce secteur à 600,7 millions de dollars, soit environ 901 milliards de nairas pour l’année 2024.

Cette valorisation s’appuie sur de multiples sources de revenus. La diffusion numérique en continu, les spectacles en direct, les droits d’édition, les tournées internationales, les partenariats avec des marques et les accords de licence alimentent collectivement un écosystème qui dépasse largement le cercle des artistes eux-mêmes. Producteurs, ingénieurs du son, managers et organisateurs d’événements participent à cette dynamique de croissance.

Selon les projections du rapport, l’industrie pourrait doubler pour atteindre 1,03 milliard de dollars d’ici 2033, avec un taux de croissance annuel moyen de 7 %. Une trajectoire qui confirme le positionnement du Nigeria comme locomotive musicale du continent africain.

Le streaming, moteur de la révolution musicale nigériane

Les plateformes de diffusion en ligne jouent un rôle déterminant dans cette expansion. En 2024, les artistes nigérians ont généré plus de 38 millions de dollars, soit 58 milliards de nairas, uniquement sur Spotify. Une progression significative par rapport aux années précédentes qui témoigne de la popularité croissante de l’Afrobeat au-delà des frontières africaines.

Les artistes nigérians dominent désormais les plateformes de streaming du continent et bénéficient d’une forte popularité en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique latine et dans certaines régions d’Asie. Des stars comme Burna Boy, Wizkid, Rema, Davido, Yemi Alade, Tiwa Savage ou Asake accumulent des millions d’écoutes et multiplient les tournées mondiales, consolidant la présence internationale de l’Afrobeat. Cette visibilité numérique s’accompagne d’une reconnaissance institutionnelle, illustrée par les nominations et récompenses aux Grammy Awards, qui renforcent le soft power culturel du Nigeria sur la scène internationale.

L’Afrobeat érigé en pilier de diversification économique par le gouvernement Nigérian

Sous la présidence de Bola Tinubu, le gouvernement nigérian a fait de l’Afrobeat un axe stratégique de développement économique. L’industrie musicale est considérée comme un moteur clé d’exportation culturelle et de création d’emplois, participant à la diversification de l’économie nationale au-delà de sa dépendance traditionnelle au pétrole.

Le secteur créatif dans son ensemble, incluant l’industrie cinématographique Nollywood, emploie déjà plusieurs millions de personnes. L’Afrobeat est explicitement promu comme un vecteur de croissance entrepreneuriale susceptible de générer des emplois massifs pour la jeunesse nigériane, dans des domaines aussi variés que la production, l’ingénierie du son, le management artistique ou l’organisation événementielle.

Les priorités gouvernementales s’articulent autour de plusieurs axes à savoir le renforcement de l’application des droits d’auteur, l’amélioration des systèmes de perception des redevances, l’élargissement de l’accès au financement pour les créateurs et l’encouragement des investissements privés dans les infrastructures musicales notamment les Studios d’enregistrement, les salles de spectacle et plateformes de distribution numérique qui constituent les cibles privilégiées de cette politique d’investissement. Cette stratégie vise à transformer durablement l’Afrobeat en un levier de développement économique intérieur.

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Pierre Ouédraogo