Télécoms en Afrique de l’Ouest : Ouagadougou accueille la 16ᵉ Assemblée Générale de la COFTEL pour réinventer l’ère numérique

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COFTEL 2025 : Les opérateurs télécoms ouest-africains misent sur quatre piliers pour conquérir l’ère digitale.

La 16ᵉ Assemblée Générale de la Conférence des Opérateurs et Fournisseurs d’Accès de l’Espace UEMOA (COFTEL) s’est ouverte ce 4 novembre 2025 à Ouagadougou, sous le thème : « Les opérateurs de l’espace UEMOA, à l’ère de la digitalisation, réinventent le modèle d’affaires pour une croissance durable ». Un rendez-vous stratégique pour repenser le rôle des télécoms dans une Afrique de l’Ouest en pleine mutation numérique.

La révolution numérique de l’UEMOA passe par la réinvention du modèle télécoms

La digitalisation n’est plus une option, mais une réalité quotidienne pour les populations, les entreprises et les administrations de l’UEMOA. « Les opérateurs télécoms sont les architectes, les artères numériques qui irriguent nos économies, » a souligné Boris Compaoré, Directeur Général de Telecel Faso et Président en exercice de la COFTEL.

Cependant, le modèle économique traditionnel, fondé sur la voix et les SMS, a atteint ses limites. « La valeur se déplace désormais vers des services numériques à forte valeur ajoutée, » a-t-il ajouté. La question n’est plus de savoir si les opérateurs doivent changer, mais comment transformer intelligemment et durablement leur secteur.

Rosius Assogba, Secrétaire Exécutif de la COFTEL, a rappelé les objectifs de cette rencontre : « Réfléchir ensemble sur les nouveaux défis de la digitalisation dans l’espace UEMOA et réorganiser notre modèle d’affaires pour être au rendez-vous de la révolution technologique. ».

150 millions d’abonnés, un potentiel immense

Plus de 150 millions de personnes sont abonnées à un réseau de télécommunication dans l’espace UEMOA et l’institution sous-régionale ne pouvait rester en marge de cette rencontre sur l’économie numérique qui présente un fort potentiel et de nombreux enjeux.

Selon Thierry Kouamé, Directeur de cabinet du Président de la Commission de l’UEMOA, le secteur de la télécommunication, au regard du thème choisi, doit orienter ses actions autour de trois dimensions essentielles pour repenser ses modèles économiques en profondeur : garantir la viabilité économique des entreprises, assurer l’inclusion numérique des couches vulnérables et innover en s’appuyant sur les technologies de pointe.

Quatre piliers pour l’avenir

Boris Compaoré, à Président de la COFTEL, a exposé une vision ambitieuse pour le secteur, articulée autour de quatre piliers essentiels.

Son premier objectif est de réinventer les fondations technologiques. Cela passe par un investissement massif dans les infrastructures de pointe (4G et 5G, fibre optique et datacenters), avec une volonté claire de mutualiser les ressources. L’idée est simple : garantir que chaque citoyen puisse bénéficier d’un accès équitable à l’information et aux services.

Ensuite, l’approche de l’innovation doit changer. Les opérateurs ne peuvent plus se contenter d’être de “simples fournisseurs de connectivité” ; ils doivent devenir de véritables “créateurs de solutions numériques”. Qu’il s’agisse de l’internet des objets pour moderniser l’agriculture, du cloud pour soutenir les PME, ou des plateformes pour l’e-éducation et l’e-santé, le secteur doit se positionner en partenaire actif du développement.

Le troisième pilier est, selon Compaoré, le plus crucial : l’humain. Il le rappelle avec justesse : “La transformation digitale est avant tout une aventure humaine.” Pour réussir ce pari, il est impératif de former les équipes, d’insuffler une culture de l’agilité et de l’innovation. Sans des hommes et des femmes compétents, la technologie n’est qu’un ensemble de câbles.

Enfin, toute cette transformation repose sur un capital essentiel : la confiance. Dans un monde où les données sont devenues “la nouvelle richesse”, la cybersécurité et la protection du consommateur ne sont plus des options, mais des impératifs stratégiques pour consolider l’écosystème numérique.

Une synergie public-privé pour un numérique inclusif

Pour Alfred N. Zongo, Directeur des Communications Électroniques représentant la Ministre de la Transition Digitale, « l’ambition des États membres de l’UEMOA est de faire du numérique un levier fondamental de l’intégration économique. » Il a insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre les pouvoirs publics et les opérateurs pour relever les défis de la digitalisation.

Vers une excellence numérique partagée

En unissant leurs forces, les opérateurs télécoms de l’UEMOA ne doivent pas se contenter de subir la digitalisation, mais bien en devenir « les architectes et les leaders de demain », faisant de l’espace sous-régional un pôle d’excellence numérique et de prospérité partagée.

Pour les participants, cette AG sera une opportunité de tracer les sillons d’une transition vers les opportunités de la digitalisation. Bassirou Ndiaye de la SONATEL (Sénégal) voit dans cette activité une opportunité de renforcer l’intégration sous-régionale. “On a beaucoup d’obligations et d’exigences sur nos missions principales telles que le service et l’innovation, et on a compris depuis longtemps ce que chaque opérateur peut faire de son côté, mais ensemble, en s’unissant, on peut faire encore mieux au bénéfice de la communauté”, affirme-t-il.

Mme Tieido Sow de Orange (Mali) attend beaucoup de cette rencontre afin d’en apprendre davantage. “C’est un honneur pour moi de participer en tant qu’opérateur pour discuter des enjeux et des opportunités liés à notre secteur, et nous espérons pour ma part repartir avec une vision claire sur la problématique d’adaptation à la digitalisation et satisfaire notre clientèle”, déclare-t-elle.

Durant trois jours, les participants vont se pencher sur plusieurs communications dont les recommandations seront très attendues par les décideurs.

Pierre Ouédraogo