80 ans d’échecs : le Burkina Faso porte un réquisitoire implacable contre l’ONU

Burkina Faso
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Le Premier ministre Rimtalba Jean-Emmanuel OUEDRAOGO dénonce un “fiasco embarrassant” et exige une réforme urgente du Conseil de Sécurité.

Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le Burkina Faso a livré, ce 27 septembre 2025, un discours sans concession, qualifiant les huit décennies d’existence de l’organisation de “désillusion collective” et d'”échec structurel”. Portant la voix du président Ibrahim TRAORE, le Premier ministre Rimtalba Jean-Emmanuel OUEDRAOGO a dressé un bilan sévère de l’institution internationale.

Un bilan accablant pour l’ONU : 80 ans d’échecs et de promesses trahies

« Huit décennies d’optimisme éprouvé, d’espoirs déçus, de rêves brisés » : le Premier ministre n’a pas mâché ses mots pour qualifier le bilan des Nations Unies. Alors que l’ONU célèbre ses 80 ans, le Burkina Faso dresse un constat sévère : une organisation paralysée par les rivalités géopolitiques, un Conseil de sécurité « malade de la politisation », et des missions de paix coûteuses qui laissent derrière elles plus de frustrations que de solutions.

« Comment accepter qu’un milliard d’Africains soient exclus des instances décisionnelles du Conseil de sécurité ? Comment tolérer que des membres permanents, acteurs et financiers des crises mondiales, y siègent en juges et parties ? », a-t-il lancé. Pour Ouagadougou, la réforme n’est plus une option, mais une urgence : « Le temps du sursaut est venu. Sans cela, le Conseil de sécurité restera une institution anachronique, incapable de répondre aux défis de notre époque. »

Le Premier Ministre et Chef du Gouvernement, Rimtalba Jean-Emmanuel OUEDRAOGO, a livré un discours percutant à la tribune des Nations Unies

Le Sahel en résistance : souveraineté, unité et reconquête

Face au terrorisme qui ravage la région depuis près d’une décennie, le Burkina Faso a choisi la voie de la dignité et de la résistance. Sous la conduite du capitaine Ibrahim Traoré, le pays a mobilisé ses forces de défense, soutenu par les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), et lancé un Fonds patriotique qui a déjà collecté plus de 400 milliards de FCFA grâce à la solidarité des citoyens et de la diaspora.

« Plus de 70 % de notre territoire a été reconquis. Des milliers de déplacés regagnent leurs foyers, les écoles rouvrent, les services sociaux reprennent », a souligné le Premier ministre. Une victoire arrachée à la sueur et au sang, mais qui prouve qu’un peuple uni peut triompher de l’adversité.

Le Burkina Faso ne transigera pas sur ses priorités : « Nos choix sont souverains et non négociables. » Une position ferme, alignée sur la vision panafricaniste de figures comme Thomas Sankara, Patrice Lumumba ou Kwame Nkrumah.

Le Burkina Faso a dénoncé l’exclusion de l’Afrique des instances décisionnelles et la politisation des décisions

Pour une Afrique libre et un monde plus juste

Le discours burkinabè a aussi été un plaidoyer pour une Afrique enfin représentée au Conseil de sécurité, et pour un système international débarrassé des doubles standards. « L’ONU doit cesser d’être un instrument de domination aux mains des puissants », a martelé le Premier Ministre, appelant à la fin des sanctions illégales contre le Venezuela, Cuba, ou l’Iran, et à une résolution équitable du conflit israélo-palestinien.

Sur le plan économique, le Burkina Faso prône une rupture avec la dépendance aux exportations de matières brutes, en misant sur l’industrialisation, la transformation locale, et la création d’emplois pour les jeunes. « La prospérité durable passe par des politiques volontaristes, pas par des schémas imposés qui maintiennent nos économies dans la vulnérabilité », a-t-il affirmé.

Un appel à la réinvention de l’ONU

Pour finir, le Premier ministre a interpellé le secrétaire général de l’ONU : « Vous avez une occasion historique de réformer cette organisation pour en faire un véritable garant de la paix, et non un outil au service des plus forts. » Pour le Burkina Faso, l’alternative est claire : « Une ONU réformée ou une ONU condamnée à répéter les erreurs du passé. »

Pierre Ouédraogo


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