Burkina Faso/Enabel : Clôture du projet D4GW « Le numérique pour les filles et les femmes »

Un projet d’envergure pour l’inclusion numérique des filles et des femmes

Le projet Digital for Girls and Women (D4GW), porté par l’Agence Belge de coopération internationale (Enabel)), s’est achevé ce 31 juillet 2025. Ce projet sectoriel avait pour objectifs majeurs de réduire la fracture numérique au Burkina Faso en favorisant l’accès des filles et des femmes au numérique, tout en abordant les droits numériques liés au genre. Le 30 juillet 2025, une rencontre organisée à Azalai Hôtel a été l’occasion pour Enabel de présenter les acquis du projet et de récompenser les lauréates des activités liées à la réduction de cette fracture numérique.

Des acquis concrets pour l’autonomisation digitale

Avec le soutien du gouvernement burkinabé, le projet D4GW a fortement contribué à l’inclusion numérique des filles et des femmes en activant trois leviers essentiels : l’accès aux outils numériques, le renforcement des compétences digitales, et la connaissance et revendication des droits numériques. Au terme de ses 44 mois d’implémentation, le projet, centré sur la région du Centre-Est, a mené de nombreuses initiatives, dont la formation des jeunes filles et des femmes aux compétences numériques.

Mme Maria-Goretti Nyirarikundo, Cheffe de Coopération à l’Ambassade de Belgique, a souligné l’omniprésence du numérique dans nos vies : « Au Burkina Faso, la fracture numérique est plus marquée, moins de 20 % des femmes utilisent régulièrement des outils numériques », a-t-elle déclaré. Elle a insisté sur le fait que cette fracture n’est pas seulement une question de connectivité, mais aussi d’égalité. C’est dans ce contexte que le projet D4GW a été lancé, afin d’inverser cette tendance et de réduire l’écart numérique. « La Belgique s’est engagée à soutenir ce projet au niveau régional afin de garantir que les filles et les femmes ne soient plus exclues de la révolution numérique. » a poursuivi la Cheffe de Coopération belge.

Un bilan chiffré impressionnant

Lionel Tientega, Chef du projet D4GW, a présenté les résultats détaillés de ces 44 mois d’activités, financées à hauteur de 2,5 millions d’euros, soit plus de 1,6 milliard de Francs CFA. Au soir de la clôture, les chiffres étaient éloquents :

• Plus de 500 femmes et filles ont été formées aux outils numériques, y compris en marketing digital et en littératie numérique.
• Plus de 800 acteurs de l’éducation, des médias et de la société civile ont été formés sur les droits numériques.
• Mise en place de deux hubs numériques dédiés aux femmes et aux filles dans la région du Centre-Est du Burkina Faso.
• Plus de 2 000 élèves sensibilisés dans les lycées et collèges de Tenkodogo, Koupéla, Pouytenga et Garango.
• Des émissions de radio interactives et des diffusions sur les TV nationales.
• Plus de 1 000 personnes mobilisées à travers des causeries-débats, entre autres.

Le débat sur la fracture numérique liée au genre : un panel d’experts vers une égalité numérique

La soirée de clôture a également été l’occasion d’un panel autour du thème : “Comment réduire la fracture numérique liée au genre ?”. Animé par des experts du domaine numérique et éducatif, le panel s’est penché sur les défis liés à cette fracture et les mécanismes pour améliorer les droits numériques au Burkina Faso.

Mme Eudoxie Zongo, Point focal Genre au PNUD, est revenue sur les aspects financiers et mentaux qui accentuent cette fracture. M. Sorgho, Directeur régional du ministère de l’Enseignement secondaire et de la Formation professionnelle, a souligné que « l’école est le reflet de la société et les garçons sont plus enclins à s’intéresser au numérique et à posséder des smartphones au sein des écoles plus que les filles ». Il a ajouté que les pesanteurs sociales expliquent la moindre présence des filles dans ce domaine. Cependant, le projet D4GW a permis aux filles de connaître leurs droits numériques, de démystifier le numérique et de déconstruire les stéréotypes.

Des recommandations ont été formulées par Mme Edwige Sanou, Cheffe de projet à SIMPLON, afin que des projets de ce type puissent s’étendre pour toucher un plus grand nombre de femmes et leur offrir les opportunités du digital. Le volet infrastructure numérique au Burkina Faso a également été évoqué ; il relève du gouvernement à travers le Ministère de la Transition Digitale, des Postes et des Télécommunications, qui mène des actions pour favoriser la connectivité dans tout le pays. Pour Mme Haoua Ouattara, Coordonnatrice du PACT Digital et représentante de la Ministre de la Transition Digitale, des efforts sont faits pour augmenter l’offre d’internet : “Nous travaillons sans relâche pour améliorer la connectivité en zones rurales et faciliter la dématérialisation des démarches administratives.”, a-t-elle déclaré.

Un impact durable et des lauréates récompensées

Lancé le 1er décembre 2021, le projet D4GW a eu un impact significatif sur la population, en particulier sur l’égalité d’accès et la participation des femmes et des hommes à la transformation numérique dans la région du Centre-Est du Burkina Faso. Dans son discours lu au nom de la Ministre de la Transition Digitale, Mme Haoua Ouattara a insisté sur cet impact : « Grâce au Digital for Girls and Women, nous avons désormais des outils de compétences et des partenariats solides pour faire de la vision de la transformation digitale une réalité durable ».

Le projet D4GW a ainsi permis l’épanouissement des jeunes femmes afin que l’inclusion numérique devienne une réalité au Burkina Faso. Dans cet élan, la soirée de clôture a également été l’occasion de la remise de prix aux différents lauréats en compétences numériques, notamment dans le domaine de l’art et de la culture (création de contenus) et de la couture (formation en brodeuse numérique). Pour assurer la durabilité des compétences numériques, une formation en marketing digital a également été dispensée aux formateurs, qui ont eux aussi reçu des prix. Les récompenses incluaient des brodeuses numériques, des smartphones de dernière génération, des tablettes et des ordinateurs.

Juliette Kima, qui a reçu une brodeuse numérique et représentait les lauréates, n’a pas caché sa joie : « Je remercie Enabel d’avoir contribué à nous former et pour tout ce qu’ils font pour la société féminine », a-t-elle déclaré, soulignant que ce prix lui permettra d’améliorer ses tâches et, surtout, de former à son tour ses camarades au métier de broderie numérique.

L’engagement continu d’Enabel pour le digital

Julie Van Der Smissen, Program Manager à Enabel, a confirmé que le projet D4GW, bien qu’arrivé à son terme sous cette forme, ne sera pas renouvelé tel quel. Cependant, l’agence continuera à apporter son soutien en matière de numérique et d’autonomisation des jeunes filles. « Au-delà de la formation en compétences digitales à l’endroit des filles et des femmes, il s’agit de permettre à ces dernières d’utiliser ces compétences pour développer leurs activités et améliorer leur employabilité », a déclaré Julie Van Der Smissen.

Le projet D4GW, qui a su allier théorie et pratique, a ainsi contribué de manière significative à favoriser l’inclusion numérique au Burkina Faso.

Pierre Ouédraogo