Getting your Trinity Audio player ready...
|
Un duel influenceur/journaliste est en train de se jouer en marge de la course à la Maison Blanche. Au cœur d’une campagne 2.0 où les règles du jeu électoral pourraient être redéfinies à l’ère du numérique avec une présence accrue des influenceurs, les journalistes constatent de plus en plus une différence de traitement qui soulève des interrogations.
Le journaliste Benjamin Zamora, très au fait des joutes électorales américaines et qui a participé à la récente convention des Démocrates, a été témoin du traitement de faveur à l’endroit des influenceurs, à qui le tapis rouge a été déroulé, contrairement aux journalistes. Cité par le site Presse Citron, M. Zamora déclare ainsi : “La convention considère les créateurs de contenus comme des alliés et la presse n’en fait pas partie.” Il dénonce le fait que les influenceurs ont été particulièrement choyés lors de la convention démocrate qui vient de se terminer à Chicago. Plus de 200 vidéastes ont reçu une accréditation pour cet événement, tandis que cinq d’entre eux ont même pris la parole à la tribune.
Un influenceur du nom de Carlos Eduardo Espina, venu du Texas, s’en vante d’ailleurs sur TikTok. Ce dernier, qui compte plus de 10 millions d’abonnés sur la plateforme, ne cache pas sa joie : “C’est vraiment incroyable qu’ils nous aient donné cette opportunité. On a pu voir Bill Clinton, Joe Biden et c’est genre… Waouh. On se dit qu’on ne mérite pas d’être dans la même pièce qu’eux… mais en fait si !”
En face, les journalistes devaient se contenter de salles de presse classiques situées à l’extérieur de l’enceinte principale. Ils se sont par ailleurs plaints de longues files d’attente et de frais d’entrée exigés difficiles à assumer pour les plus petits médias ou les indépendants. Pire, Kamala Harris n’a organisé aucune conférence de presse depuis le lancement de sa candidature il y a un mois. En revanche elle a lancé son compte TikTok qui a déjà obtenu plus de 3 millions d’abonnés.
De quoi faire enrager le Comité permanent des correspondants. Cité par Business Insider, cet organe représentatif des journalistes politiques ne mâche pas ses mots : “Nous craignons que la décision de réduire par centaines les espaces de travail dédiés et accessibles par rapport aux conventions précédentes n’entrave la capacité des journalistes à couvrir la nature historique de cette convention”.
Pourquoi un tel traitement de faveur envers les influenceurs ?
De fait, il ne faut pas chercher bien loin les raisons de ce traitement de faveur pour les influenceurs. Si ces derniers exercent bien un travail d’information, il s’agit avant tout de commentaire politique partisan et non de journalisme factuel. En clair, ils sont bien plus contrôlables pour les campagnes que les journalistes. Soutiens revendiqués des candidats, ils font donc partie intégrante de leur communication. La réponse est donc toute trouvée.
A lire aussi Kamala Harris, Reine sur TikTok à l’approche des élections américaines
Pierre Ouedraogo