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La guerre contre le terrorisme au Burkina Faso a connu plusieurs mutations depuis presqu’une décennie. Face à la capacité de réorganisation des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), les groupes terroristes locaux ont adopté des méthodes et pratiques héritées des entités desquelles sont affiliées. Ainsi, a émergé l’utilisation de mines artisanales : les Engins Explosifs Improvisés (EEI).
De 2017 au 31 mai 2023, le Burkina Faso a enregistré 592 incidents et 1151 victimes liés aux EEI (Source).
C’est quoi un EEI ?
Un engin explosif improvisé (EEI) est un type d’arme explosive non conventionnelle qui peut prendre n’importe quelle forme et être activé de diverses manières. Ils peuvent être posés le long des routes mais également fixés à des animaux. Ces armes tuent aussi bien les militaires que les civils.
Ces dispositifs ont une capacité de nuisance exponentiellement proportionnelle aux moyens rudimentaires utilisés. Lors des convois et patrouilles militaires en zone rurale, l’armée burkinabè est ralentie par les risques d’explosion des EEI.
Que fait l’armée burkinabè ?
Face aux EEI, les armées technologiquement avancées se dotent de robots et véhicules de détection. Mais ces dispositifs restent loin de la portée des armées des pays à faible économie. Les unités de combat de l’armée burkinabè en l’occurrence, pour s’adapter à ce nouveau type de guérillas, a adopté la stratégie d’éclaireurs à moto pour détecter les cas suspects et faire appel aux équipes de déminage. Cette stratégie n’est pas sans risque pour les soldats car un détail peut rapidement échapper à l’acuité de l’œil humain. Egalement, la vigilance décroit lorsque la fatigue surgit après de nombreuses nuits étant privé sommeil ou en ne dormant que d’un œil.
L’intelligence artificielle pour détecter les EEI ?
L’intelligence artificielle est une alternative offrant beaucoup de possibilités dans le domaine militaire.
Avec la technologie de reconnaissance par ordinateur (Computer Vision), des drones militaires peuvent être dotés de systèmes de reconnaissance visuelle automatiques et entrainés à reconnaitre des indices de présence des EEI à travers les milliers de photos collectées sur le théâtre des opérations. Parmi ces indices visuels, on peut citer les monticules ou dépressions de terre, les câbles suspects pour l’amorçage à distance ou encore des objets inhabituels à découvert à demi-enfouis (batteries, des télécommandes, objets en métal, etc.).
Comment en pratique ?
Un drone civil couvre en moyenne une distance de 4 km avec une autonomie de 20 minutes. On imagine aisément qu’un drone militaire posséderait des accrues plus importantes. Il serait donc possible de détecter en temps réel la présence probable de plusieurs EEI en un vol unique aller-retour de quelques minutes. Le pilote du drone aurait en visuel avec une estimation de la probabilité de présence pour chaque cas suspect. Et en fonction de la situation, l’intelligence artificielle proposerait des mesures à prendre. L’armée gagnerait plusieurs heures et augmenterait ainsi sa vitesse et son efficacité.
L’utilisation de drones équipés de systèmes de détection automatique permettrait d’accroître considérablement l’opérationnalité des convois militaires. Chaque convoi pourrait se doter de 2 ou 3 drones, augmentant ainsi ses chances de détecter les EEI avant qu’ils ne causent des dégâts.
Il est important de souligner que ce système ne remplace pas entièrement les soldats-éclaireurs à moto, mais plutôt les complète et les renforce. L’expertise humaine et la connaissance du terrain restent des éléments essentiels dans la lutte contre les EEI.
En conclusion, l’intégration de l’IA et des drones dans la stratégie de lutte contre le terrorisme au Burkina Faso représente une avancée majeure. Cette innovation technologique offre des perspectives prometteuses pour améliorer la sécurité des forces de sécurité et des civils, tout en contribuant à une progression plus rapide et plus efficace des convois militaires en zone rurale. L’appropriation de cette technologie par les pays africains et son utilisation responsable permettront de relever les défis sécuritaires et de construire un avenir plus sûr pour les populations.
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Alban Ouédraogo, Data & AI Scientist