Burkina Faso/Polémique autour de la chanson ‘’Safi’’ de l’artiste Blem : un collectif Féministe s’insurge, L’organe de Régulation (CSC) ordonne la censure

Burkina Faso
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La polémique autour de la chanson ‘’Safi’’ ne cesse de s’amplifier et dans laquelle le jeune artiste rappeur Blem (Moctar Kaboré à l’état civil) dans le refrain dit ceci (Traduction de la langue locale mooré) : « Je rends grâce à Dieu Safi est devenue folle. Quelque chose qu’on ne partageais pas est devenue un vagin gratuit. Applaudissez, elle ne me reconnait plus ». En effet, un collectif de Femmes est monté au créneau ce 11 mai lors d’un point presse pour dénoncer cette chanson qu’elles qualifient d’apologie au viol et à la dégradation de la condition féminine et ce à 24h de la récompense des musiques Burkinabè, les Kundé dans laquelle l’artiste est nominé.

Dénoncer un message obscène 

C’est un collectif féministe réunissant plus d’une vingtaine d’associations, d’organisations et média qui ont convié la presse afin d’interpeller l’opinion publique sur une chanson qui défraie la chronique ces derniers temps.

En effet la chanson intitulée ‘’Safi’’ de l’artiste est au cœur de cette révolte des Femmes qui souhaite que les autorités compétentes agissent en retirant purement et simplement des ondes ce type de chansons qu’elles considèrent nuire aux bonnes mœurs de notre société. Il faut noter que depuis le début du mois, le collectif s’est engagé dans une campagne de dénonciation et de boycott de la chanson. 

Sous le leadership de l’Initiative Panadetugri pour le bien-être de la Femme (IPBF), des correspondances adressées au Conseil supérieur de la communication (CSC), au commissariat général des KUNDE avec ampliation au Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme à la date du 5 mai 2023. « Nous avons initié des actions d’interpellation d’une œuvre qui porte suffisamment atteinte a la dignité de la Femme, en recommandant son retrait de l’espace public » a par ailleurs déclaré la Présidente de la faitière des organisations féministes du Burkina Faso, Mme Mariam Lamizana. 

Le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) a par ailleurs décidé ce 11 mai de la censure de la chanson et demandé aux médias de ne plus la diffuser par voie de communiqué.

La presse ici présente lors de cette rencontre

Pourquoi cette sortie suscite-t-elle autant de controverses ?

S’il est vrai que le collectif des Femmes attend un retour favorable de la part des autorités compétentes au temps opportun, les membres ne compte pas attendre pour ce qui est de la partie événementiel. En effet, l’artiste a été nominé aux récompenses de la musique Burkinabè, les Kunde dans la catégorie ‘’Révélation et Espoir’’, ce qui offusque les Femmes qui trouve que la chanson ne devrait pas compétir avec des termes comme ‘’pénétrer’’, ‘’vagin’’ ou encore ‘’viol’’. 

Pour se faire, le collectif invite le commissariat général des Kundé au retrait pur et simple de l’œuvre lors des nominations de la soirée gala des Kundé qui doit se tenir le vendredi 12 mai. Il faut dire que si l’artiste arrive à être sacré lors des Kundé, cela serait considéré comme une atteinte au droit et a la dignité de la Femme.

Pour Mme Juliette Bakyono, Présidente de l’IPBF « C’est difficile pour nous de laissé passer cette chanson qui a travers le texte fait l’apologie du viol et qui n’honore pas la Femme ni le Burkina Faso » a-t-elle fait savoir. Et à Mme Hortense Lougué/Kaboré d’enfoncer le clou « Nous défendons le droit des femmes et des filles à tous les niveaux, et nous dénonçons pour ainsi dire de telles expressions. Nous ne voulons pas que les Kundé se tiennent sans que la chanson ne soit censurée, que le clip n’aille pas en compétition ».

Si l’artiste quant à lui s’est défendu sur ses réseaux sociaux en indiquant avoir voulu passer un message de sensibilisation sur la légèreté des filles ; le collectif n’en démord pas et appelle les autorités à être plus regardant sur les messages véhiculés dans les différentes chansons audiovisuelles de la place qui contiennent souvent des contenus vulgaires qu’il faille interdire.

Pierre Edouard Ouédraogo