Technologie : l’État burkinabè annonce l’arrêt définitif du logiciel iCivil Africa

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Logiciel d’informatisation de l’État civil, iCivil est une invention d’un burkinabé qui s’est associé avec un Français pour mettre en place une société pour promouvoir cette solution quasi-révolutionnaire à savoir l’identification digitale des nouveau-nés à leur naissance. Le logiciel est également utilisé pour la confection des cartes nationales d’identité burkinabè. Acquis depuis 2013, les différents soubresauts dans le pays n’ont pas permis jusque-là de pouvoir mettre en place son fonctionnement même si l’Etat a déboursé 900 millions pour son acquisition. L’Etat à travers le ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Boukaré Zoungrana vient définitivement enterrer le projet après l’annonce de son arrêt pur et simple selon nos confrères du Courrier Confidentiel.

La technologie du logiciel iCivil Africa repose principalement sur des bracelets munis de code barres (à bulles) qui est une propriété exclusive et unique au monde de l’entreprise française PROOFTAG, filiale de NOVATEC dont le propriétaire n’est autre que le français Francis Bourrières et associé au Burkinabè Adama Sawadogo avec qui ils ont co-créé iCivil AFRICA.

Le bracelet ou Token à la base du logiciel iCivil 

iCivil est une solution révolutionnaire de digitalisation des données d’état civil. C’est la première plateforme technologique d’enregistrement des faits d’état civil et de création de données d’état civil au monde selon ses concepteurs. Si depuis 2013 le logiciel n’a pu être déployé dans le pays même en phase pilote, il faut y voir un couac à certains niveaux de l’administration publique.

En effet, si certains brandissent la fibre nationale pour ne pas se jeter sur un logiciel étranger, d’autres raisons sont également évoquées pour ne pas permettre la vulgarisation du logiciel au Burkina. En effet, selon le Directeur général de la modernisation de l’Etat civil, Justin Omer Balima, le logiciel iCivil n’a aucune base légale et n’est reconnue par aucune loi au Burkina Faso a-t-il déclaré selon le Courrier Confidentiel. Il n’a aucun fondement juridique. Les actes d’État Civil doivent être conformes aux lois, alors que dans le cas d’utilisation du logiciel iCivil Africa, des agents qui n’ont pas la qualité d’officier d’État civil participent bonnement à la délivrance d’actes d’état civil.

Absence de protection de données à caractères personnels

Tel un paria, le logiciel iCivil Africa a également été rejeté par les partenaires techniques et financiers du Burkina en l’occurrence l’Union Européenne et l’UNICEF qui ont opposé un non catégorique quant à son financement le qualifiant de budgétivore. Ils ont également dénoncé le logiciel qui n’offre pas assez de garantie quant à la protection des données à caractère personnelles que sont les actes d’état civil. La gestion des données pose ici un problème majeur. 

La circulaire du ministre ordonnant l’arrêt et le rejet définitif du logiciel iCivil AFrica, donne en effet un sentiment de soulagement à tous ceux qui étaient opposés à son déploiement sur le territoire national. Il faut dire que s’il avait été maintenu iCivil Africa aurait coûté chaque année au contribuable burkinabè la bagatelle somme de plus de 700 millions de FCFA pour l’enregistrement et l’établissement des actes de naissances. Le bracelet par nouveau-né coûterait 900 FCFA avec une population de nouveau-nés estimée à plus 800.000 chaque année. Si le Burkina Faso n’a pas été propice à accueillir à bras ouvert le logiciel, le Tchad en revanche s’est lancé depuis peu dans l’utilisation d’un tel logiciel pour déclarer les naissances à distance.

Pierre Ouédraogo